C'est le pied qui donne à l'homme son statut d'être humain (Woodjones)
Partie d'une conférence donnée par Anne Ferro, podologue, pour un congrès en mai 2007.
•« Quel esprit serait assez vide et aveugle pour ne pas reconnaître le fait que le pied est plus noble que le soulier, la peau plus belle que le vêtement dont elle est parée? »
Michel-Ange
LE PIED et ses expressions
Il n’y a pas besoin « d’être bête comme ses pieds » pour « se lever du pied gauche » et ainsi « mettre les pieds dans le plat », sans pour autant être un « casse-pieds ».
Beaucoup d'expressions populaires participent au symbolisme sexuel.
Avant de "trouver chaussure à son pied", ne faut-il pas "faire du pied" ou "frôler le pied" pour une approche érotique discrète? La première fois, la fille a "cassé ses sabots" (locution des provinces françaises signifiant perdre sa virginité), puis a appris à "prendre son pied". Mais attention à ne pas recevoir un "coup de pied de Vénus", c'est-à-dire à contracter une maladie vénérienne. Ce libertinage conduit quelques fois à faire "des pieds neufs" (locution ancienne signifiant accoucher).
Par ailleurs, dans la panoplie des symboles, le pied et la chaussure forment une figure sexuelle puissante. Les soins donnés dans de nombreuses cultures pour orner ou cacher son pied est en relation avec l'érotisme attaché au pied.
Ceci permet de dire que le pied est un organe tabou. On a peur de le dévoiler, d’en parler. Et pourtant, le pied est étroitement associé à la force vitale de la terre. C'est pourquoi on trouve dans beaucoup de cultures des expressions telles que: "être bien implanté quelque part", "partir du bon pied", "avoir les pieds sur terre". Inversement, on exprime l'épuisement de cette force par: "avoir un pied dans la tombe", "traîner les pieds".
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•Tenez par exemple, savez-vous ce que signifie « prendre son pied »?
•L'explication, pas certaine même si fortement probable, est la suivante : lorsque les corsaires ramenaient leurs trésors, ils le convertissaient en or : un tiers pour le roi, un tiers pour l'armateur et le dernier tiers pour l'équipage. Pour se départager l'or restant équitablement, ils en faisaient des petits tas de 1 pied de haut (soit env. 33 cm). Ensuite, suivant la hiérarchie, chacun prenait son « pied », le tas d'or de 33 cm de haut qui lui revenait Aujourd'hui, il ne subsiste plus dans cette expression que l'idée du plaisir (pas uniquement sexuel d'ailleurs) sans l'idée d'argent.
Petit historique de la profession de podologie
La profession de pédicure-podologue existe depuis très longtemps. Toutefois son évolution a été importante et surtout ces dernières années. La pédicurie existe depuis 4000 ans avant J.C. On l’a découverte en Egypte sur des pictogrammes. On retrouve des traces au temps de la Rome Impériale.
Pied en plâtre, musée du Louvre, Egypte romaine
Pieds d'une statue colossale d'Aménophis III
Sculpture pied droit, Grèce hellénistique (approx. entre 430 et 146 avant J.C.)
http://www.insecula.com/oeuvre/photo_ME0000053182.html
'Brom-ston (1005-1064)
Le pied droit, vu de face, de Léonard de Vinci (1452-1519)
Au Moyen Age, la pratique de la pédicurie est faite par les chirurgiens barbiers autorisés à panser les plaies et à « arracher » des cors avec l’interdiction de pratiquer des opérations.
Etude pour l'Apothéose d'Homère, les pieds d'Homère (1826-1827) de Jean-Auguste-Dominique Ingres
En France au XVIIIe siècle, il y a 2 principaux chirurgiens barbiers : Rousselot qui a publié en 1769 son « Traitement des cors » et Laforest qui a publié en 1781 « L’art de soigner les pieds ». Les premières consultations de podologie datent de 1948 et se font dans les hôpitaux de Paris . Les 1er cours de pathologies sont donnés dans les facultés de médecine grâce à Mr. Lelièvre; en 1955, son fils invente le podoscope et Mr Bregegere crée un ouvrage sur les semelles orthopédiques.
Nu féminin assis, s'essuyant le pied gauche de Renoir Auguste (1841-1919)
En Suisse, c’est en 1926 qu’une réglementation de la profession de pédicure est entrée en vigueur à Genève. A partir de cette date, afin de garantir la qualité des prestations de soins, il fut impossible pour un(e) pédicure de s’établir sans diplôme dans ce canton. Il existait entre 1926 et 1938 à Genève, une école privée " l'Ecole scientifique de pédicures" dirigée par une femme médecin, Madame Golay-Oltramare, dont les objectifs étaient de former des pédicures qualifiés.
Femme à la toilette, essuyant son pied gauche de Edgar Degas (1834-1917)
•En 1938, cette école fut fermée, les autorités désirant créer une école d'état. Puis la guerre arriva et ce n'est qu'en 1946 que l'école actuelle ouvrit ses portes. Dès lors la formation de pédicure s’est déroulée sur 2 ans jusqu’en 1992. Les professionnels étaient habilités à pratiquer l'exérèse des kératoses (cors, durillons, …) ainsi que la coupe des ongles pathologiques ou non.•Dès 1992, la durée des études , passée de 2 à 3 ans , le programme s’élargit et présente dès lors l’enseignement de soins pédicuraux, de confection d’orthoplasties, d’orthonyxies et de semelles orthopédiques .
Danseuse assise, penchée en avant, elle se masse le pied gauche. de Edgar Degas (1834-1917)
Depuis 1995, les professionnels diplômés portent le titre de pédicures-podologues. Le titre est adopté sur le plan fédéral
La profession de pédicure-podologue est une profession médicale, soumise à des lois strictes concernant l’hygiène, la stérilisation, etc.
Il est important que vous sachiez faire la différence entre un podologue qui est un professionnel de la santé et une pédicure cosmétique ou esthéticienne qui vous fera « la beauté des pieds ».
Le Pédicure, d’Edgar Degas (1873)
